-C’est encore plus petit qu’une niche… – En marchant d’un côté à l’autre de ma maison, mon frère cadet, Sid Swallows, répétait cette phrase encore et encore, comme s’il disait quelque chose de tout à fait normal et ne me vexait pas.

J’ai fait bouillir l’eau pour préparer un thé assez cher, que Nika m’a donné, j’ai sorti un gâteau éponge de qualité, qu’il m’a aussi donné. Quand on m’a offert des choses aussi chères, très peu en accord avec mon style de vie actuel, j’étais à la fois reconnaissant et déconcerté. Je ne pouvais pas imaginer avoir la chance de le servir à nouveau à quelqu’un. Et, honnêtement, j’aurais aimé ne pas en avoir eu l’occasion.

– Miau miau ! C’est un gâteau assez cher, n’est-ce pas ? Pourquoi tu as quelque chose comme ça ?

-M. Nika me l’a donné.

M. Nika… Nicolas Cabot ? Pourquoi vous aurait-il donné une chose pareille ?

-Eh bien, ce n’était probablement rien de plus qu’un sentiment de compassion pour moi. Après tout, il pense que cette punition est trop cruelle.

-Je crois que je l’ai convaincu.

La seule chose que ce prince égoïste a fait pour moi a été de rompre les fiançailles, ce n’était pas un problème du tout. Évidemment, si j’étais encore un noble, il me serait très difficile de trouver un partenaire, mais en le laissant de côté, mes parents ont choisi de me jeter hors de la maison, m’arrachant le titre de noble, sans savoir ce que je voulais plus que tout au monde. Il est donc normal que cette peine soit considérée comme pire que la peine de mort. On considère que celui qui a vécu dans le luxe toute sa vie ne pourrait pas survivre une fois jeté dans la rue. Il y a tant de choses qu’un noble ne pourrait pas faire à cause de son orgueil béat, et même si vous le mettez de côté, il y a tant d’autres choses qui sont normales pour un roturier, mais étranges pour un noble, car il a une mentalité différente. Il y a eu beaucoup de gens qui se sont suicidés, incapables d’accepter une telle vie, d’autres qui n’ont pas changé leur mode de vie, qui ont pratiquement jeté de l’argent par les fenêtres et qui vivent dans une pauvreté maximale… Quoi qu’il en soit, cette liste peut être suivie dans la nuit profonde, alors je vais arrêter ici.

J’arrive à vivre sans problèmes seulement parce que dans mon autre vie j’étais tout à fait normal, sans luxe, et aussi parce que j’étudie ce style de vie depuis longtemps, parce qu’il y a dix ans je savais que ce serait mon destin.

C’est pourquoi il n’y a rien d’étrange à ce que Nika ait de la compassion pour moi. Je ne suis pas assez stupide pour dire à Sid ce qui se passe vraiment, c’est-à-dire que Nika a découvert mon innocence.

– Vous voyez beaucoup M. Nicholas ?

-Seulement parfois. -Tant que je ne lui dis pas le nombre exact de fois, il peut le prendre comme il veut. Dans mon travail de l’au-delà, on m’a toujours dit que la meilleure chose à faire était d’éviter ce genre d’information subjective, car les différences d’opinions peuvent faire perdre beaucoup de choses. Mais je préfère prendre des risques et vivre comme je le souhaite.

Pendant que nous parlions, le thé était prêt, alors j’ai versé à Sid une tasse et une autre pour moi.

-Tu as l’air plus heureux que jamais.

-Oui, étonnamment, j’aime ce style de vie beaucoup plus que l’autre.

-Hmm, tu t’amuses bien ?

-Vu de l’extérieur, nous avions l’air de deux parents très proches qui avaient une conversation agréable, même si nous ne nous parlions presque jamais auparavant. Nous avons toujours été deux frères avec une relation un peu froide.

Je suis vraiment très nerveux, parce que j’ai l’impression qu’il a une bombe dans les mains, mais je lui parle encore tranquillement.

-Et si je faisais aussi quelque chose pour me faire virer de la maison ? Alors on vivrait ensemble, qu’en penses-tu ?

-Non, impossible, absolument impossible !

Même si j’ai sauté à l’intérieur quand j’ai entendu une telle proposition, je n’ai pas été remarqué, je souriais encore gentiment comme je l’avais fait auparavant.

Si je finis par vivre avec lui, ma vie plébéienne s’effondrera complètement. Je ferai de mon mieux pour ne pas le laisser tout gâcher.

-En tant qu’héritier de la famille Swallows, tu ne peux pas dire ce genre de choses.

-Et vous me dites qu’après avoir fui vos responsabilités. -J’ai baissé la tête un peu devant une telle accusation, mon expression faciale était totalement intelligible.

Pourquoi ai-je l’impression que cette conversation empire ?

Comme pour confirmer mon mauvais pressentiment, les lèvres de Sid s’enroulèrent en un sourire ironique.

-Ma sœur, tu as toujours été comme ça. C’est ce qu’on attend de la parfaite Miss Rose, vous faites tout avec un sourire doux, mais vous faites tout pour m’échapper. Je suis sûr que tu retiens beaucoup de sentiments. Et si tu les concentrais tous sur moi ?

-J’ai déjà entendu cette conversation.

C’est le signe d’un des nombreux “pièges” de Sid. Le moment où l’image d’un jeune homme peu expressif est brisée, pour être remplacée par celle d’un jeune homme plutôt bavard et même séducteur.

– Tu sais, j’ai toujours voulu… – Je ne veux pas l’entendre finir la phrase, alors j’ai pris la première chose que j’ai vue et, presque de force, je l’ai mise dans sa bouche.

– Hé, quoi… du pain ? Tu veux du pain, n’est-ce pas ? – Sid regarda, confus, d’abord le pain, puis moi.

C’est vrai, un rouleau doux qui ne laisse pas de blessures si on le met de force dans la bouche de quelqu’un, je l’ai reçu hier du travail.

Si je l’avais laissé finir, il serait probablement entré dans sa route. Je suis désolé, Sid, mais pour échapper à la mort, j’ai dû utiliser un des pains de Mme Michelle. Au moins, j’ai pu éviter une situation dangereuse.

– Allons manger un peu de pain !

– Huh ….. Ah ?… Quoi ?

– Sid, je suis convaincu que tu as très faim.

– Non, vous n’êtes pas….

– Quand on aura fini de manger, on aura tous les deux le sourire aux lèvres. Le pain de Mme Michelle a même impressionné M. Nika, alors ne vous inquiétez pas et mangez tranquillement !

-Mais….

– Bon appétit !

-Bon appétit….

Enfin ! La situation elle-même était assez stupide, mais au moins j’ai réussi à effrayer son attitude sérieuse et à éviter cette satanée conversation. Sans même utiliser une tactique ou quoi que ce soit de ce genre, seulement avec force brute et obstination.

Après avoir observé un peu l’héritier de ma vieille famille, qui semblait s’être rendu et avoir accepté le pain heureux cuit par un roturier, j’ai aussi commencé à manger, célébrant la victoire en moi. Étant plébéien, il n’y avait plus besoin de manger avec soin et élégance, comme c’est riche !

Si j’avais dit quelque chose comme : “Je t’ai toujours beaucoup aimée, ma sœur”, ce serait, en fait, quelque chose de très adorable. Et très typique d’un otome.

Mais dans “Dame Ro”, Sid Swallows n’a jamais été un jeune frère adorable. Les mots qu’il essayait de dire étaient : “J’ai toujours voulu t’apprivoiser, ma sœur.”  Je ne te laisserai pas dire ça, petit sadique ! Il n’y a aucune chance que je veuille être sur votre route où, dans le mal final, vous m’enfermerez. Je n’ai pas non plus l’intention d’entrer dans la fin avec le double suicide, c’est trop effrayant !

Prépare-toi, parce qu’à l’avenir, je ne te laisserai pas me dire ces mots non plus, Sid.

(Ayanami : Était…quelque chose…d’inattendu…je pense…est-ce vraiment Sid voulait te dire quelque chose comme ça ? nous garderons le doute…jusqu’à la prochaine fois]

Héritier du duc et ancienne demi-sœur, nous avons mangé du pain en silence. Je me demandais si je mettrais fin à la situation si je disais quelque chose comme “Merci pour la nourriture” et je me levais tout à coup.

-En fait, comme si notre conversation réconfortante s’était terminée, tu ne crois pas qu’il est temps de rentrer chez toi ?

Uh-huh.

Ce n’était pas vraiment une conversation agréable, loin de là, mais si le fait de dire cela m’aide à faire sortir cette “bombe de yandere” de chez moi, ça ne me dérange pas de lui mentir.

Sid se dirigeait déjà vers la porte, lorsqu’il se tourna comme s’il voulait ajouter quelque chose de plus, mais il n’osa pas.

– Qu’est-ce que c’est ? -Tant que ce n’est pas une autre de tes petites phrases yandere, tu peux dire ce que tu veux.

-Sœur Félicie, ehm… Vous aimez le pain ?

-J’ai même l’intention d’apprendre à le faire cuire.

-Je vois… – Il était à terre, je suis sûr que ce n’est pas ce qu’il voulait me demander, mais il n’a pas osé continuer. Peut-être parce que j’ai utilisé un morceau de pain pour le faire taire, l’ai-je submergé de ma force plébéienne ? -Eh bien, je reviendrai te voir une autre fois.

Pas besoin, “cher” frère.

Peu importe combien vous me regardez avec ces petits yeux d’agneau, grâce à ma connaissance, je sais maintenant quel est votre vrai visage. C’est littéralement impossible pour les Sid Swallows que je connais d’abandonner pour un simple muffin.

-Bien sûr, à bientôt, j’ai essayé d’avoir l’air le plus en sécurité possible, je l’ai accompagné à la porte avec un léger sourire sur les lèvres. Quand il quittait la maison, le jeune homme se retournait de temps en temps ; comme on pouvait s’y attendre, malgré l’obscurité qui le cachait, il était encore très adorable. Je l’ai observé pendant une trentaine de secondes jusqu’à ce que je décide finalement de retourner à l’intérieur.

– Un vague souvenir est apparu dans ma tête – j’ai oublié de le corriger quand il m’a appelée Félicie au lieu de Fii… eh bien, que vas-tu faire ? Ce n’est pas si important non plus.

Pour l’amour de Dieu, c’est un jour de congé horrible.

Mais pourquoi l’itinéraire de Sid m’est-il soudain apparu ? Evan, avec son premier amour, je le comprends toujours. Je comprends aussi pourquoi Nika est apparue, avec son sens de la justice… mais je ne vois aucune raison pour que mon demi-frère vienne. Vous pouvez voir que je ne pourrai jamais comprendre ce qui se passe dans la tête d’un yandere.

Bien que dans le passé nous vivions ensemble, nous n’avons jamais beaucoup parlé et, maintenant, non seulement il a décidé de me voir en secret, fuyant son escorte, mais aussi pendant un court moment la “bombe-yandere” qui n’a pas à apparaître si le soi-disant “intérêt amoureux” est soulevé. Où que vous le regardiez, c’est vraiment quelque chose de très étrange.

En parlant de bizarreries, le comportement de Nika m’a également semblé très particulier, mais contrairement à Sid, je ne pense pas qu’un membre de la famille royale qui mange du pain si bon me fera mal.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

-C’est impossible que parce que j’ai changé tout le script que je connais, les personnages conquérants soient aussi changés par un Bug ou quelque chose comme ça, non ? -Un silence prolongé s’est répandu dans toute la pièce. Non ! Pas question. Même si dans un autre monde tout cela était un jeu, maintenant nous sommes tous vivants, il est impossible qu’il y ait des pannes de système ou des bogues, parce que, en réalité, il n’y a pas de système !

En dehors de l’annulation de ce foutu mariage, il y a autre chose que j’ai essayé de changer : de toutes mes forces, j’ai essayé d’éviter toutes les différentes voies du jeu, depuis mon enfance, j’ai essayé de détruire cette probabilité, de sorte que, dans le futur, il serait impossible pour moi d’en entrer une.

C’est bon, tout va bien. Ce n’est rien d’autre qu’une série de coïncidences, et à partir de demain, tout reviendra à la normale. Ma vie plébéienne continuera d’être heureuse et insouciante.

Il n’y a pas de quoi s’inquiéter.